Les bières dites sans alcool ont-elles un pouvoir diurétique ?


En raison de la présence de composés phénoliques, la bière possède une activité diurétique. En 1975, le Professeur Jean Trémolières a montré, chez des sujets sains des deux sexes consommant à jeun 0,5 g/kg de poids corporel de bière, de vin ou de whisky, qu'il existait une diurèse aqueuse plus importante avec la bière.

Les bières dites sans alcool possèdent-elles ce pouvoir diurétique ?

Vingt-trois sportifs, footballeurs professionnels, ont reçu, à la fin de deux matchs d'entraînement, 750 ml de bière dite sans alcool ou d'eau. Les boissons sont attribuées (de façon randomisée) afin de corriger les déperditions hydriques induites par l'effort.

Les paramètres cliniques (poids, pression artérielle et fréquence cardiaque) ne diffèrent pas entre les deux groupes "bière sans alcool" et "eau".

La diurèse, recueillie durant les deux heures après le match, est significativement plus importante dans le groupe "bière sans alcool" (168 ± 19,9 ml ; 127,8 ± 5,9 ml dans le groupe "eau" ; p = 0,04). La reprise de la diurèse apparaît dès la trentième minute dans le groupe "bière sans alcool" qui a éliminé 22 % de la quantité ingérée (contre 17 % dans le groupe "eau").

La densité et l'osmolalité urinaires ont tendance à être plus faibles dans le groupe "bière sans alcool" mais ces différences ne sont pas significatives.

La natriurèse et la chlorurèse s'élèvent parallèlement quelle que soit la boisson consommée tandis que la kaliurèse est plus faible dans le groupe "bière sans alcool" par rapport au groupe "eau", et ce de manière significative (respectivement 68,1 ± 5,6 mEq/l et 84,2 ± 6,6 mEq/l à la trentième minute de la réhydratation ; p = 0,003).

D'après les travaux rapportés par le Professeur J. Weill, l'alcoolémie secondaire à la consommation de quantités notables de bières dites sans alcool n'est pas décelable chez 50 % des sujets, et, chez les autres, elle atteint au maximum 0,008 g/l. La quantité d'éthanol circulante est donc très faible et ne peut être considérée, dans ce travail, comme responsable du pouvoir diurétique des bières dites sans alcool.

Evolution du volume urinaire moyen selon la boisson consommée