Les principaux paramètres metaboliques | Evolution des paramètres glucidiques
Evolution des paramètres lipidiques | Alcool et niveau d'insulinémie
Alcool et nutriments


Consommation modérée et régulière de bière au cours du repas et modifications des principaux paramètres biologiques


D'origine céréalière, une bière à 5° comporte en moyenne 35 g/l de glucides, essentiellement issus de dextrines. Son contenu en alcool est relativement modéré. De par cette composition, elle est susceptible d'induire des modifications des paramètres métaboliques concernant essentiellement les métabolismes des glucides et des lipides.

En effet, les apports en hydrates de carbone et en alcool constituent des substrats pour la synthèse des triglycérides. Les sucres absorbés induisent une sécrétion d'insuline pour faciliter leur utilisation.

Dans l'étude précédemment mentionnée, réalisée au Centre de Nutrition Humaine de Nancy, treize sujets volontaires sains, de poids normal et stable, ont ingéré pendant quatre semaines au cours du repas du midi et du soir 330 ml de bière en plus d'une ration glucido-lipido-protidique qualitativement équilibrée et libre sur le plan quantitatif. 330 ml de bière à 5° apportent environ 13 grammes d'hydrates de carbone.

Au début et à la fin de chaque période expérimentale (période "bière" ou période "eau"), un repas test a permis d'explorer les évolutions de la glycémie, de l'insulinémie et des triglycérides plasmatiques après ingestion d'un repas comportant ou non de la bière.




Evolution des paramètres glucidiques


La réponse glycémique

Au début de la période bière, lors du premier repas-test, la réponse de la glycémie est significativement plus importante par rapport au repas-test réalisé en début de période "eau".

Le niveau glycémique après consommation de bière au cours du repas reste stable dans le temps. Après consommation d'eau, on constate une réduction des valeurs de la glycémie par rapport au niveau de base. Après consommation de bière, la glycémie diminue moins significativement comme en témoigne l'aire négative de la courbe.

Il n'existe pas d'hypoglycémie après le repas-test comportant de la bière.

La bière de table, contrairement aux boissons sucrées, entraîne peu d'hyperinsulinisme selon les résultats d'une étude réalisée auprès de jeunes par le Pr Janssen. Alors que la consommation de boissons sucrées induit un cercle vicieux (hausse des concentrations en glucose et en insuline et augmentation de l'indice de masse corporelle), la bière de table n'affecte pas le métabolisme glucidique sans doute parce qu'elle contient des sucres fermentés (9).

La réponse insulinémique

Parallèlement à l'augmentation de la glycémie, la réponse insulinique est globalement plus importante avec le repas-test comportant de la bière par rapport au repas-test comprenant de l'eau.

A la fin de chaque période ("bière" ou "eau"), l'analyse des paramètres glucidiques au cours des mêmes repas-tests met en évidence l'existence d'une diminution des réponses glycémiques, notamment deux heures après l'ingestion du repas, sans hypoglycémie réactionnelle.

Parallèlement, il existe une réduction de la réponse insulinique.

Ces résultats semblent témoigner d'une adaptation progressive de l'organisme à l'apport régulier et modéré de bière au cours des repas.

Des auteurs japonais ont analysé les relations pouvant exister entre la consommation de boissons alcoolisées selon le type de la boisson et le rapport tour de taille sur tour de hanches. Il existe une relation positive entre la consommation d'alcool fort et le rapport tour de taille sur tour de hanches. Cette relation n'existe pas avec le BMI.

Les sujets qui consomment 15 ml par jour ou plus d'alcool de Shochu ont un plus grand rapport tour de taille sur tour de hanches que les non-buveurs. Il existe une relation dose-réponse.

Par contre, cette relation n'est pas retrouvée avec les autres boissons alcoolisées, tels que la bière ou le vin.

L'obésité abdominale n'est pas associée avec les boissons modérément alcoolisées, mais l'est avec les boissons fortement alcoolisées (1).

Dans une autre étude sur les relations entre insulinémie à jeun, résistance à l'insuline et apports en alcool, 938 hommes non diabétiques américains ont été suivis.

Après ajustement sur différents paramètres et facteurs de risque, les analyses ont révélé que les sujets consommant des quantités modérées d'alcool ont le taux le plus bas d'insuline à jeun et une moindre insulino-résistance.

Comparativement aux buveurs modérés, les sujets ne consommant pas d'alcool ont un index insulino-résistant à jeun plus élevé. Dans cet échantillon d'hommes non diabétiques, les buveurs modérés ont une insulinémie à jeun plus basse et un niveau d'insulino-résistance plus faible, et donc a priori un risque cardiovasculaire moindre lié à cette diminution de l'insulino-résistance.

Il est possible qu'une consommation modérée d'alcool ait un effet bénéfique sur l'insulino-résistance (2).

L'alcool à doses modérées pourrait-il protéger du syndrome d'insulino-résistance ou syndrome X ?

Cet aspect est discuté dans un article de Bisson avec des arguments en faveur d'une protection d'une faible quantité d'alcool sur le syndrome X. (3).

Chez les patients diabétiques

Chez les patients diabétiques insulinodépendants, la consommation d'alcool est associée à un risque accru d'hypoglycémie.

La consommation modérée d'alcool par des sujets en bonne santé, après un repas, n'entraîne pas d'hyper ou d'hypoglycémie aiguë mais un risque différé d'hypoglycémie le matin si l'ingestion d'alcool a eu lieu le soir.

Le risque d'hypoglycémie lié à l'alcool s'observe surtout chez les sujets à jeun ou chez des alcoolo-dépendants. Chez ces derniers, des hypoglycémies moins reconnues peuvent survenir.

Il est donc préférable de recommander aux diabétiques de ne pas boire de boissons alcoolisées à jeun. Ceci est peut-être différent avec la bière en raison de son contenu en glucides, mais n'a pas été démontré (4).

Ce mécanisme peut s'expliquer par l'inhibition de la néoglucogénèse (7)...

En revanche, boire du vin au cours du repas n'augmente pas la glycémie, voire la diminue, selon les résultats d'une étude récente menée chez des sujets diabétiques non insulino-dépendants (10).

L'impact d'une consommation modérée d'alcool sur la survenue d'un diabète non insulino-dépendant varierait en fonction du poids. C'est ce que suggèrent des travaux japonais sur une cohorte de 6 362 hommes âgés de 35 à 61 ans. Chez ceux qui ont un indice de masse corporelle supérieure à 22 une consommation modérée diminue le risque d'apparition d'un diabète, alors que chez les plus minces une consommation élevée augmente ce risque (11).




Evolution des paramètres lipidiques


Les sucres et l'alcool sont deux substrats pour la formation des triglycérides.

Dans une étude menée chez 728 travailleurs japonais, concernant les relations entre habitudes alimentaires, mode de vie et taux de triglycérides, les auteurs ne trouvent aucune relation entre la consommation d'alcool et le taux de triglycérides. L'inactivité physique ainsi qu'un régime alimentaire gras sont associés de manière positive aux triglycérides (5).

Dans l'étude du Professeur G. DEBRY à Nancy, l'évolution des triglycérides plasmatiques, dans les quatre heures suivant la consommation d'un repas-test, est mesurée au début et à la fin de chaque période de consommation ("bière" ou "eau").

Lors de la consommation de bière, au cours du premier repas-test réalisé en début d'étude, les réponses des triglycérides sont significativement plus importantes par rapport à celles obtenues au cours du repas homologue de la période "eau".

Au cours du second repas-test, réalisé à la fin de la période "bière", l'élévation des triglycérides tend à diminuer par rapport au repas-test effectué en début d'étude.

A la fin de chaque période, c'est-à-dire au cours du second repas-test, les différences entre la période "bière" et la période "eau" sont significatives. Cependant, elles sont moins importantes par rapport à celles observées au cours du premier repas-test.

Ceci témoigne à nouveau d'une adaptation possible de l'organisme, peut-être secondaire à la réduction de la réponse insulinique constatée en fin de période bière.

Comme pour les ingestions caloriques, l'organisme, ou plus particulièrement le métabolisme, est capable de s'adapter à un apport énergétique supplémentaire et modéré sous forme de bière.
En situation aiguë, la consommation de bière entraîne des réponses de triglycérides plasmatiques plus importantes après un repas-test. Lors d'une consommation régulière et modérée, les différences s'atténuent.

Chez les sujets de poids normal et stable, l'ingestion chronique de 660 ml de bière, si elle entraîne des variations des paramètres enregistrés après le repas, n'est pas responsable de modifications des paramètres métaboliques de base. L'organisme est capable de s'adapter à ce nouvel apport énergétique. En effet, on constate en fin de période, après quatre semaines d'une consommation modérée et régulière, des réponses métaboliques plus faibles.

Consommation de bière et variation des paramètres lipidiques

La consommation modérée de bière et ses effets sur le métabolisme lipidique et l'activité anti-oxydante ont été étudiés chez des patients coronariens masculins (6).
48 sujets ont été nécessaires pour cette étude, séparés en deux groupes de 24 chacun, un groupe expérimental et un groupe contrôle.

Chaque patient du groupe cas a reçu pendant une période de 30 jours consécutifs 330 ml de bière apportant 10 grammes d'alcool. Le groupe témoin n'a pas consommé d'alcool durant la même période.

Une large batterie de tests incluant cholestérol total, LDL cholestérol, HDL cholestérol, tocophérol et alpha-tocophérol ont été réalisés.

Dans le groupe de buveurs bière, on note une élévation du cholestérol HDL et du taux d'anti-oxydants.

Les auteurs concluent que même sur une courte période de consommation modérée, la bière conduit à des variations biochimiques favorables dans le cadre de la prévention des pathologies cardiovasculaires (6).

L'effet antiathérogène de l'alcool est d'autant plus important que l'alimentation est à risque par ailleurs (12).




Alcool et niveau d'insulinémie


L'excès d'insuline est un facteur de risque cardiovasculaire.
Dans une étude récente, Lazarus R et Coll (2) ont mis en évidence un effet bénéfique d'une consommation modérée d'alcool sur les taux d'insuline et sur les facteurs de risque cardiovasculaire qu'ils induisaient.

La consommation modérée d'alcool est associée avec une augmentation de la sensibilité à l'insuline ce qui peut être également à l'origine des explications de l'augmentation du cholestérol HDL (8).

Chez des alcooliques non cirrhotiques, le sevrage entraîne une augmentation de l'insulinémie et du peptide C et une diminution des IGF (13).




Alcool et nutriments


La bière est riche en magnésium et vitamines.
Une étude chez 52 patients, ayant subi un an auparavant un pontage coronarien, a comparé les effets biologiques de la bière à ceux d'une eau minérale contenant une quantité équivalente de calcium, de potassium et de magnésium. Après un mois, la concentration plasmatique du magnésium est significativement supérieure chez les sujets qui ont bu de la bière. A la dose administrée, la bière n'a aucun effet néfaste sur les fonctions hépatiques et serait donc bénéfique pour le métabolisme magnésique (14).

Certaines bières pourraient avoir un intérêt pour lutter contre les carences en fer, c'est du moins ce que montre une étude réalisée en Afrique (15).

Références bibliographiques

1. Relation of total and beverage-specific alcohol intake to body mass index and waist-to-hip ratio: A study of self-defense officials in Japan.
Sakurai-Y, Umeda-T, Shinchi-K, Honjo-S, Wakabayashi-K, Todoroki-I, Nishikawa-H, Ogawa-S, Katsurada-M.
European Journal of Epidemiology, 1997, V13, N8, DEC, pp 893-898.
2. Alcohol intake and insulin levels: The Normative Aging Study.
Lazarus-R, Sparrow-D, Weiss-S-T.
American-Journal-of-Epidemiology 145 (10). 1997. 909-916.
3. Metabolic Syndrome X and the French paradox.
Bisson-L-F,
Wine: nutritional and therapeutic benefits; pp 180-195;
Publisher: American Chemical Society; Washington; USA; 66 ref.
4. Alcohol ingestion and glycaemic control in patients with insulin-dependent diabetes mellitus.
Meeking DR; Cavan DA
Diabet Med, 1997 Apr, 14:4, 279-83
5. Evaluation of the effects of lifestyle on serum triglyceride levels in Japanese factory workers.
Kawabata-K, Imaki-M, Tanada-S.
Japanese-Journal-of-Health-and-Human-Ecology 63 (1). 1997. 54-62.
6. Moderate beer consumption and positive biochemical changes in patients with coronary atherosclerosis.
Gorinstein-S, Zemser-M, Berliner-M, Goldstein-R, Libman-I, Trakhtenberg-S, Caspi-A.
Journal-of-Internal-Medicine 242 (3). 1997. 219-224.
7. The inhibition of gluconerogenesis following alcohol in humans
Siter SQ, Neese RA, Christiansen MP, Helleerstein MK
Am J Physiol 1998 Nov ; 275 (5 PT1) : E 897 - 907.
8. Alcohol and insulin sensitivity
Van de Weil A
Neth J Med 1998 Mar ; 52 (3) : 91 - 94
9. Effects of soft drink and table beer consumption on insulin response in normal teenagers and carbohydrate drink in youngsters
Janssens JP, Shapira N, Debeuf P, Michiels L, Putman R, Bruckers L, Renard D, Molenberghs G
Eur J Cancer Prev 1999 Aug ; 8(4) : 289-95
10. Effects of red wine, tannic acid, or ethanol on glucose tolerance in non-insulin-dependent diabetic patients and on starch digestibility in vitro
Gin H, Rigalleau V, Caubert O, Masquelier J, Aubertin J
Metabolism 1999 Sep ; 48(9) : 1179-83
11. Daily alcohol consumption and the risk of type 2 diabetes in Japanese men : the Osaka Health Survey
Tsumura K, Hayashi T, Suematsu C, Endo G, Fujii S, Okada K
Diabetes Care 1999 Sep ; 22(9) : 1432-7
12. Changes in Women's Plasma Lipid and Lipoprotein Concentrations Due to Moderate Consumption of Alcohol Are Affected by Dietary Fat Level
Rumpler WV, Clevidence BA, Muesing RA, Rhodes DG
J Nutr 1999 Sep ; 129(9) : 1713-17
13. Glucose metabolism, insulin-like growth factor-I, and insulin-like growth factor-binding protein-1 after alcohol withdrawal
Passilta M, Kervinen K, Kesaniemi YA
Alcohol Clin Exp Res 1999 Mar ; 23(3) : 471-5
14. Effect of beer consumption on plasma magnesium : randomized comparison with mineral water
Gorinstein S, Zemser M, Libman I, Trakhtenberg S, Caspi A
J R Soc Med 1998 Dec ; 91(12) : 631-3
15. A traditional beverage prevents iron deficiency in African women of child bearing age
Mandishona EM, Moyo VM, Gordeuk VR, Khumalo H, Saungweme T, Gangaidzo IT, Gomo ZA, Rouault T, MacPhail AP
Euyr J Clin Nutr 1999 Sep ; 53(9) : 722-5