Les études | Dernières données
Les études
Plusieurs études récentes mettent en évidence l'intérêt d'une consommation régulière et modérée de bière sur la mortalité globale.
Les buveurs modérés sont ceux qui ont les meilleurs paramètres de santé comparés aux buveurs abstinents ou aux buveurs excessifs, dans une méta-analyse concernant 10 études de population générale, et reprenant les renseignements sur les causes de mortalité et les consommations de boissons alcoolisées (6).
Une enquête sur près de 20 000 néerlandais montre que les buveurs modérés se sentent en meilleure santé que les abstinents (7).
Etude de Keil
C'est le cas d'une étude de prospective menée de 1984 à 1992 sur 1 071 hommes et 1 013 femmes âgés de 45 à 64 ans en Allemagne. 87 % des hommes et 56 % des femmes ont une consommation de boissons alcoolisées avec en moyenne 42 g par jour chez les hommes dont 33 g provenant de la bière. Les femmes qui boivent ont un apport moyen d'alcool de 16 g par jour dont la moitié par la bière et l'autre moitié par le vin.
Après ajustement sur un certain nombre de facteurs confondants, chez les hommes, le risque relatif d'événements coronariens pour les buveurs comparativement aux non-buveurs est de 0.51. Cet effet protecteur s'observe dès la dose de 10 g d'alcool par jour et ne change pas avec des apports plus élevés.
Chez les hommes, le risque relatif de mortalité globale pour les différents groupes consommant de l'alcool comparativement aux non-buveurs est de 0.59.
Il existe une courbe en U avec un risque relatif de 0.46 pour une consommation de boissons alcoolisées de 20 à 39.9 g par jour, il y a un risque relatif de 1.04 pour une consommation d'alcool supérieure à 80 g par jour.
Chez les femmes, le risque de mortalité globale pour celles buvant 19.9 g par jour d'alcool comparativement aux non-buveurs est de 0.46 (1).
Etude de Brenner
Cette même courbe en U est retrouvée en Allemagne dans une étude de Brenner (2).
Cette étude a porté sur 8 000 sujets âgés de 25 à 64 ans. Dans la période concernée, 172 hommes décédèrent.
La mortalité est 8 fois plus élevée chez les non-buveurs que chez les hommes qui consomment de 1.49 g d'alcool par jour. Il existe également une surmortalité chez les gros buveurs (2).
Etude de Maskarinec
Selon une autre étude épidémiologique publiée en 1998 menée chez 40 000 américains, les hommes et les femmes ayant une faible consommation d'alcool, 1 à 7 verres par semaine, ont une réduction de 20 % de la mortalité totale. Les effets protecteurs de l'alcool sont limités à la mortalité coronarienne (4).
Etude de Chou
Dans une population générale américaine , avec le vin et la bière, les effets protecteurs sur la mortalité pour les consommations très modérées sont identiques, apportant un bénéfice par rapport aux abstinents. Les sujets qui prennent des spiritueux ont une morbidité plus élevée (5).
Etude de Thun
L'étude fondamentale, publiée dans le New England Journal of Medicine de 1997 (3), et qui fait le point sur la relation entre mortalité globale et consommations peu alcoolisées dont la bière, a porté sur 490 000 hommes et femmes âgés de 30 à 64 ans.
Cette étude a été menée dans le cadre de la Cancer Prevention Study commencée en 1982 et concernant un million d'adultes. Actuellement, l'analyse porte sur 490 000 personnes, 251 420 femmes et 238 206 hommes.
La moyenne d'âge est de 56 ans. Par rapport à la population américaine, les sujets ont un niveau socio-culturel un peu plus élevé, sont plus fréquemment mariés, appartiennent aux classes moyennes et sont plus souvent de race blanche.
Seulement, 2 % des sujets ont été perdus de vue et 0,2 % d'entre eux n'ont pu fournir des données interprétables.
En 1991, 12 % de la population était décédée et les certificats de décès ont été obtenus pour 98 % d'entre eux.
La consommation d'alcool a été estimée par des questionnaires portant séparément sur la bière, le vin et les spiritueux.
Les personnes qui ont changé le type de consommation durant les dix ans l'ont précisé.
Les non-buveurs sont des personnes qui ne boivent aucun type de boisson alcoolisée et n'ont jamais bu.
Les auteurs ont défini une catégorie "moins d'une boisson par jour" de patients buvant deux ou trois fois par semaine. Les personnes rapportant la consommation d'au moins un verre de boisson alcoolisée par jour sont considérées comme des buveurs (de un à plus de six verres par jour).
La population, qui indique une consommation d'alcool sans en préciser les quantités, a été exclue de l'analyse.
Sur les 490 000 sujets, 98 000 d'entre eux ont rempli de plus, un questionnaire alimentaire très détaillé. Dans ce sous-groupe, 95 % des non-buveurs en 1982 continuaient à être abstinents 10 ans plus tard, 78 % des buveurs de boissons alcoolisées continuaient à boire le même type de boisson.
Comparés aux non-buveurs, les buveurs sont plus fréquemment des fumeurs, ont un niveau d'éducation plus élevé. La consommation de tabac augmente avec celle d'alcool, de 22 % pour les hommes et les femmes buvant moins d'un verre par jour à 37 % pour ceux en consommant quatre ou plus.
La consommation d'alcool est associée à une augmentation du taux de décès par cirrhose et cancer des voies aéro-digestives supérieures. Ce taux de mortalité est multiplié par trois à sept à la fois chez les hommes et chez les femmes qui boivent au moins quatre verres de boisson alcoolisée par jour par rapport aux non-buveurs. Pour les hommes, mais pas pour les femmes, la mortalité par mort violente ou suicide est de 30 % plus importante, pour ceux qui boivent au moins quatre verres de boisson alcoolisée, par rapport aux non-buveurs (augmentation du risque de 30 %). Le taux de décès par cancer du sein est de 30 % plus important chez les femmes buvant au moins un verre de boisson alcoolisée par rapport aux non-buveurs (risque relatif 1.3 intervalle de confiance 1.1 à 1.6).
A l'opposé, la mortalité par décès de toutes les maladies cardiovasculaires combinées est de 30 à 40 % plus faible chez les hommes et chez les femmes (risque relatif chez l'homme 0.7, chez la femme 0.6) qui boivent au moins un verre de boisson par jour par rapport aux non-buveurs.
La plus forte réduction en termes de risque absolu et de risque relatif survient sur la mortalité par maladie coronarienne chez les buveurs qui avaient précédemment des lésions coronariennes ou un accident vasculaire cérébral ou d'autres facteurs de risque cardiovasculaires.
Ce sous-groupe contient environ un tiers de la population de l'étude, mais contribue pour les trois quarts aux décès par maladie cardiovasculaire.
Les auteurs n'ont trouvé aucune relation entre la consommation d'alcool et le décès par cancer colo-rectal, par cancer du colon ou par cancer du rectum. Il n'y a pas non plus de relation entre la consommation d'alcool et les accidents vasculaires cérébraux, pneumopathies et maladies respiratoires.
Globalement, la mortalité cardiovasculaire intervient pour 45 % des décès totaux chez les hommes et 37 % chez les femmes tandis que les pathologies liées à l'alcool interviennent pour 7 % de l'ensemble des décès chez les hommes et 15 % chez les femmes. Le pourcentage des décès dû aux maladies cardiovasculaires diminue lorsque la consommation d'alcool augmente.
Le taux des décès de toutes causes est plus bas à la fois chez l'homme et chez la femme qui boivent au moins un verre de boisson alcoolisée par jour. Cette diminution est d'environ 20 % par rapport aux non-buveurs.
Il existe une courbe en J, observée chez les sujets à faible risque à la fois hommes et femmes âgés de 30 à 59 ans, confirmant des études précédentes. Ceci signifie que chez les buveurs modérés, il existe une diminution du risque de mortalité totale par rapport aux abstinents mais dès que la consommation d'alcool dépasse quatre verres par jour, les courbes de mortalité se croisent à nouveau et il existe alors une surmortalité pour les buveurs excessifs.
Dans cette étude, le fait de boire de l'alcool ne compense pas l'augmentation du risque produit par le tabac alors que la consommation modérée d'alcool réduit le risque de mortalité entre 35 et 69 ans, le tabagisme le double.
Pour les hommes et les femmes âgés de 30 à 59 ans qui sont à faible risque de maladie cardiovasculaire, le taux de décès de toutes causes pour ceux buvant quatre verres ou plus de boissons alcoolisées dépassent le taux de décès des non-buveurs.
Dans les sous-groupes, ayant un risque intermédiaire de maladie cardiovasculaire, âgés de 30 à 59 ans avec des facteurs de risque cardiovasculaire ou de 60 à 79 ans sans facteur de risque cardiovasculaire, les causes de décès de toutes causes chez les buveurs de quatre verres ou plus sont sensiblement égales à ceux des non-buveurs.
Dans le sous-groupe à haut risque cardiovasculaire (personnes âgées de 60 à 79 ans avec des facteurs de risque pré-existants), le taux de mortalité de toutes causes chez les buveurs reste significativement inférieur à celui des non-buveurs même pour les sujets buvant plus de quatre verres par jour.
Dans la population générale, le taux de décès pour 100 000 personnes chez les non-buveurs, est de 1 483 toutes causes confondues, il est de 1 116 pour un verre par jour, 1 210 pour deux verres, 1 247 pour trois verres, 1 334 pour quatre à cinq verres et 1 431 au-delà de six verres.
Pour la mortalité cardiovasculaire, la réduction est nette dès le premier verre et se poursuit au-delà de six verres.
On observe les mêmes tendances chez la femme avec un croisement de la courbe de mortalité toutes causes confondues au niveau de quatre à cinq verres par jour.
Environ, 20 % de la réduction du taux de mortalité de toutes causes chez les buveurs réguliers est attribuable à la diminution de la mortalité cardiovasculaire.
Morbidité
Par rapport aux buveurs excessifs et aux abstinents, les consommateurs modérés ont un moindre recours aux services de soins, mais font davantage appel aux tests de dépistage, autrement dit, ils sont en meilleure santé et essaient de le rester... Telles sont les conclusions d'une vaste enquête sur 41 000 adultes du Sud de l'Angleterre (10).

Dernières données
Une courbe en U
Selon les résultats d'une étude prospective danoise sur plus de 11 ans, la relation entre alcool et mortalité aurait plutôt la forme d'un U. 16 304 personnes de plus de 50 ans ont répondu à un questionnaire concernant notamment leur consommation d'alcool. Le nombre de décès survenus dans cette population a pu être comptabilisé grâce au registre national de mortalité. On observe que la mortalité est significativement plus basse chez les sujets qui ont une consommation régulière et modérée, que chez les abstinents à une extrémité, et des buveurs excessifs de l'autre. L'impact de l'alcool est identique chez les 50-64 ans et chez les plus âgés, il est comparable dans les deux sexes.
Avec modération et régularité
Une enquête allemande réalisée auprès d'un échantillon représentatif de la population a montré que 8 hommes sur 10 et 5 femmes sur 10 consomment régulièrement de l'alcool. Dans la majorité des cas, il s'agit d'une consommation modérée. Ces buveurs réguliers et tempérés ont une baisse de près de 50 % de leur taux de mortalité sur une période de suivi de 7 années. Ils présentent en outre, comme cela a déjà été largement montré, une augmentation de leur bon cholestérol, le HDL cholestérol (8).
Au Danemark, il apparaît que les consommateurs de bière sont des buveurs réguliers contrairement à ceux qui boivent du vin, un mode de consommation meilleur pour la santé que les prises occasionnelles. Il serait intéressant dans le cadre d'un projet européen de comparer l'état de santé des différents types de consommation (9).
Références bibliographiques
1. The relation of alcohol intake to coronary heart disease and all-cause mortality in a beer-drinking population.
Keil-U, Chambless-L-E, Doring-A, Filipiak-B, Stieber-J.
Epidemiology 1997 Mar, VOL: 8 (2), P: 150-6.
2. The association between alcohol consumption and all-cause mortality in a cohort of male employees in the German construction industry.
Brenner-H, Arndt-V, Rothenbacher-D, Schuberth-S, Fraisse-E, Fliedner-T-M.
International-Journal-of-Epidemiology 26 (1). 1997. 85-91.
3. Alcohol consumption and mortality among middle-aged and elderly U.S. adults
Michael J. Thun, M.D., Richard Peto, F.R.S., Alan D. Lopez, Ph.D., Jane H. Monaco, M.S., S. Jane Henley, B.A., Clark W. Heath, Jr., M.D., and Richard Doll, F.R.S.
4. Alcohol intake, body weight and mortality in a multi ethnic prospective cohort
Maskarinec G, Meng L, Kolonel LN
Epidemiology 1998 Nov ; 9 (6) : 654 - 61
5. Alcoholic beverage preference and risks of alcohol related medical consequences : a preliminary report from the National Longitudinal Alcohol Epidemiologic Survey
Chou SP, Grant BF, Dawson DA
Alcohol Clin Exp Res 1998 oct ; 22 (7) : 1450 - 5
6. Alcohol consumption and mortality I. Characteristics of drinking groupes
Fillmore KM., Golding JM., Graves KL., Knieps S., Leino EV., Romelsjo A., Shoemaker C., Ager CR., Allebeck P., Ferrer HP
Addiction 93(2) 1998; 183-204
7. The U-shaped curve : various health measures and alcohol drinking patterns
San Jose B, Van de Mheen H, Van Oers JA, Mackenbach JP, Garretsen HF
J Stud Alcohol 1999 Nov ; 60(6) : 725-31
8. The relationship between alcohol consumption, health indicators and mortality in the German population
Hoffmeister H, Schelp FP, Mensink GB, Dietz E, Bohning D
Int J Epidemiol 1999 Dec ; 28(6) : 1066-72
9. Type of alcohol and drinking pattern in 56, 970 danish men and women
Gronbaek M, Tjonneland A, Johansen D, Stripp C, Overvad K
Eur J Clin Nutr 2000 Feb ; 54(2) : 174-6
10. The use of acute and preventative medical services by a general population: relationship to alcohol consumption.
Cryer PC, Jenkins LM, Cook AC, Ditchburn JS, Harris CK, Davis AR, Peters TJ
Addiction 1999 Oct;94(10):1523-32
